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2023/03/22
La couleur grise envahit-elle notre environnement?
Routes, mode, intérieurs, architecture, la couleur semble avoir disparue de notre environnement, au dépit du noir, blanc gris et autres tons « neutres ».
Actuellement, 3 voitures vendues sur 4 sont blanches, noires ou grises. En 1952, les 3/4 étaient rouges vertes ou bleues.
Récemment, nous vous avons posé une question sur nos réseaux sociaux :
Qu’est-ce qui, selon vous, explique ce changement ?
Parmi vos réponses, il est revenu le manque d’audace, le résultat de la standardisation, un manque d’imagination, l’évolution des matériaux…
Nos recherches, elles, nous ont amenés à regarder du côté de l’histoire de l’art et de la théorie de la couleur.
L’artiste David Batchelor qui n’utilisait que des tons noir et blanc dans ses œuvres, a analysé le manque de couleurs dans son environnement et a écrit le livre Chromophobie.
· Chromophobie \kʁo.mo.fɔ.bi\ féminin
Composé du préfixe chromo- (couleur) avec le suffixe -phobie (peur).
La chromophobie est le rejet des couleurs. Le terme en lui-même s’emploie en biologie depuis les dernières années du XIXe siècle.
Il analyse l’histoire et les motivations de la chromophobie, depuis ses débuts, à travers des exemples littéraires du XIXe siècle, de l’architecture et du cinéma, jusqu’au Pop art, au minimalisme et à l’architecture d’aujourd’hui.
« La chromophobie se manifeste dans les tentatives de diminuer l’importance de la couleur, de nier sa complexité. Cette purge de couleur est généralement accomplie de deux manières (…) :
- Dans l’un, la couleur est considérée comme étrangère et donc dangereuse ;
- Dans l’autre, elle n’est perçue que comme une qualité secondaire de l’expérience. »
Dans les années 1920 a été créé le Bauhaus, connu pour ses non-couleurs. L’utilisation de matériaux bruts et l’absence d’ornements «superflus » excluront donc la couleur de l’architecture moderne.
Ajouter de la couleur au béton, au bois, au verre transformerait la matière brute et serait ornemental, secondaire.
Depuis les années 1980, cette tendance s’est renforcée avec des architectes tels que Jean Nouvel ou Jean-Michel Wilmotte, qui favorisent les formes et les mouvements, tout en utilisant des couleurs neutres et froides des matériaux bruts dans leurs infrastructures modernes.
Concernant l’architecture d’intérieur, les murs sont peints en blanc et les bureaux par exemple, sont séparés par des paravents gris. ce sont des éléments distinctifs de la période nommée les Trente Génériques par le journaliste Jean-Laurent Cassely.
L’inventeur du cubicule, Robert Propst s’est lui même rendu compte de son erreur.
Cependant, la tendance semble s’inverser ces dernières années. En quête d’un changement culturel, la génération Z semble inverser la logique minimaliste en introduisant plus de couleurs dans les pièces. Selon Tash Bradley, designer d’intérieur, la couleur fait son grand retour, car la pandémie a provoqué un revirement de la tendance neutre.
Les espaces qui nous entourent ont un fort impact sur notre bien-être, c’est une question centrale dans la réflexion de nos projets.